Gestion des eaux pluviales

Avec les changements climatiques, les municipalités font face à une modification de la fréquence, de la durée et de l’intensité des pluies. Les infrastructures souterraines (infrastructures grises), telles que les conduites d’égouts et les bassins de rétention souterrains, sont peu adaptables et flexibles à ces changements. De plus, celles-ci représentent des investissements très importants dans les budgets municipaux afin d’éviter des inondations et surverses dues aux grands espaces imperméables tels que les toitures ou les aires de stationnement. L’eau de ruissellement est recueillie et dirigée directement à la station d’épuration ou le cours d’eau récepteur à l’aide d’imposantes canalisations souterraines.

On utilise le terme infrastructures vertes et bleues en opposition à infrastructures grises qui, elles, font le plus souvent référence à du béton, du bitume ou de l’asphalte. Ces dernières sont souvent destinées à répondre à une problématique spécifique et sont utilisées seulement lorsqu’il y a un besoin, n’apportant ainsi que peu ou pas de co-bénéfices. Les infrastructures vertes et bleues, en complément des infrastructures grises, offrent quant à elles cette adaptabilité et flexibilité recherchée, tout en étant généralement moins onéreuses. Elles permettent de ralentir, stocker et infiltrer l’eau de ruissellement en surface, directement sur les terrains dans différents types d’espaces végétalisés dédiés, tels que des bassins de biorétention, des revêtements de sol perméables ou des tranchées filtrantes. Ces espaces peuvent également être multifonctionnels en intégrant par exemple la biodiversité ou des espaces publics.

Les municipalités peuvent ainsi réglementer la gestion de l’eau pluviale sur les terrains en fixant par exemple des débits maximums de rejet à l’égout et en encourageant ce type d’infrastructures en surface, et bénéficier de nombreux avantages environnementaux et économiques.


BÉNÉFICES

  • Réduction de la pollution atmosphérique et des températures ambiantes par filtration et évapotranspiration des végétaux
  • Protection du réseau d’égout municipal et de sa capacité par mitigation à la source (réduction des débits, quantités et charge polluante de l’eau pluviale sur les terrains)
  • Augmentation du bien-être et du cadre de vie des populations et des espaces réservés aux habitats des espèces naturelles
  • Orientation des investissements au-dessus du sol plutôt qu’en souterrain (visibilité des investissements)
  • Évite les surcoûts dus au surdimensionnement des infrastructures souterraines, qui fonctionneront très rarement à pleine capacité
  • Réduction des coûts de travaux et d’infrastructures souterraines pour la municipalité et pour le propriétaire du terrain. Dans le cas de la gestion des eaux pluviales, le coût de réalisation d’un projet d’infrastructure végétalisée est moins dispendieux de 15 à 30 % comparativement à une infrastructure grise classique, par exemple un bassin de rétention souterrain. (Société québécoise de phytotechnologie, 2018)

EXEMPLES INSPIRANTS

Lors de l’aménagement du stationnement du MEC à Longueuil, l’intégration d’un bassin de biorétention plutôt que le recours à un système de drainage souterrain conventionnel a permis de diminuer de 18 % le coût des aménagements de gestion de l’eau dans le projet.

Le stationnement 7 des habitations Jeanne-Mance, à Montréal, a été réaménagé en 2010 pour y intégrer des bassins de biorétention permettant de gérer l’eau pluviale des surfaces minéralisées. Le recours à des infrastructures vertes a permis une économie de 8 % sur le coût global du projet, et de 28 % par rapport à un système classique de drainage et de gestion des eaux pluviales.


RÉGLEMENTATIONS INNOVANTES

APPLICATION SELON LA NATURE DU PROJET

119. Tout immeuble dont les eaux pluviales se déversent, directement ou indirectement, dans l’égout public ou dans un cours d’eau et dont la superficie de la surface imperméable est de plus de 1000 mètres carrés doit retenir les eaux pluviales à l’aide d’un système de gestion des eaux pluviales.
Pour un immeuble dont la superficie de la surface imperméable est de 1000 mètres carrés et moins, le drainage des eaux pluviales d’un terrain doit se faire en surface.
Aux fins du présent chapitre, une surface imperméable désigne toute surface sauf une surface composée entièrement de gazon ou d’autres végétaux.

Ville de Montréal | Service de l’eau
Règlement 20-030 sur les branchements aux réseaux d’aqueduc et d’égout publics et sur la gestion des eaux pluviales (2020)
RÉDUCTION DES DÉBITS

133. Pour tout immeuble dont les eaux pluviales sont rejetées dans l’égout public, le débit de rejet pluvial total maximal autorisé est le débit correspondant aux taux de rejet indiqués à l’annexe B du présent règlement pour la pluie de conception –contrôle des débits.

134. Pour tout immeuble dont les eaux pluviales sont rejetées dans un cours d’eau, le débit de rejet pluvial total maximal autorisé est le débit correspondant aux taux de rejet indiqués à l’annexe C du présent règlement pour la pluie de conception –contrôle des débits.

Ville de Montréal | Service de l’eau
Règlement 20-030 sur les branchements aux réseaux d’aqueduc et d’égout publics et sur la gestion des eaux pluviales (2020)
RÉDUCTION DES VOLUMES

135. Pour tout immeuble raccordé à un égout unitaire public, le système de gestion des eaux pluviales doit faire en sorte de retenir en permanence sur l’immeuble un volume de ruissellement pour la pluie de conception –gestion des surverses selon les volumes indiqués à l’annexe D du présent règlement. Cette gestion des eaux doit se faire par infiltration, réutilisation ou évapotranspiration.

136. Malgré l’article 135, lorsqu’un bâtiment occupe plus de 75 % du terrain sur lequel il est érigé, l’autorité compétente peut, sur présentation d’une demande à cette fin, autoriser un équivalent technique permettant de respecter les volumes indiqués à l’annexe D.

Ville de Montréal | Service de l’eau
Règlement 20-030 sur les branchements aux réseaux d’aqueduc et d’égout publics et sur la gestion des eaux pluviales (2020)
RÉDUCTION DE LA CHARGE POLLUANTE

137. Pour tout immeuble dont les eaux pluviales sont rejetées dans l’égout pluvial public ou dans un cours d’eau, le système de gestion des eaux pluviales doit réduire, sur une base annuelle et pour 90 % des événements de pluies, les concentrations de matière en suspension de 60 % selon les volumes indiqués à l’annexe D du présent règlement.
Malgré le premier alinéa, la réduction de la concentration de matière en suspension est de 80 % en présence de milieux récepteurs sensibles tels que définis par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques dans le Guide de présentation d’une demande d’autorisation pour réaliser un projet assujetti à l’article 32 (22, 3°) de la Loi sur la qualité de l’environnement.

Ville de Montréal | Service de l’eau
Règlement 20-030 sur les branchements aux réseaux d’aqueduc et d’égout publics et sur la gestion des eaux pluviales (2020)
OUVERTURE DANS LES BORDURES DE BÉTON

605. La bande paysagée doit être séparée de l’aire de stationnement, sauf devant un accès, par une bordure d’une hauteur minimale de 0,15 m. Cette bordure doit être interrompue au niveau du revêtement de sol sur une longueur d’au moins 0,5 m tous les 10 m afin de permettre la captation des eaux de pluie vers la bande paysagée.

Ville de Montréal | Le Sud-Ouest
Règlement 01-280 de zonage (2021)
IMPLANTATION DES PUISARDS

605.1. La bande paysagée, à l’exception de la bande paysagée du côté donnant sur la limite arrière, doit être située à un niveau de 50 mm plus bas que la surface de l’aire de stationnement.

605.2. Lorsqu’un puisard est requis, il doit être implanté dans la bande paysagée ou l’îlot de verdure qui est en contrebas.

Ville de Montréal | Le Sud-Ouest
Règlement 01-280 de zonage (2021)
DÉBRANCHEMENT DES GOUTTIÈRES

120. Le présent article s’applique uniquement aux immeubles dont les eaux pluviales sont évacuées au moyen de gouttières et de descentes pluviales extérieures. Pour tout immeuble dont la superficie perméable est supérieure à 20 % de la superficie du toit du bâtiment s’y trouvant, les eaux pluviales provenant de ce toit doivent être dirigées vers les surfaces perméables de l’immeuble sur lequel est construit le bâtiment par un déflecteur, une rallonge ou une surface dure permettant d’éloigner les eaux du bâtiment et de les déverser à une distance d’au moins 1,5 mètre des fondations du bâtiment, des margelles et de toute autre surface adjacente au bâtiment et en contrebas de l’immeuble adjacent.
Malgré le deuxième alinéa, les descentes pluviales extérieures peuvent être raccordées à un réservoir de récupération des eaux pluviales si la sortie du trop-plein respecte les exigences qui y sont prévues.

Ville de Montréal | Service de l’eau
Règlement 20-030 sur les branchements aux réseaux d’aqueduc et d’égout publics et sur la gestion des eaux pluviales (2020)

NORMES À INTÉGRER

NORMESOBJECTIFS
Fixer un volume d’eau pluviale à retenir directement sur le terrain, pour les fortes pluies, et les faibles pluies pour les grands lots desservis par un réseau unitaireAssurer une réduction des rejets à l’égout et de a surcharge du réseau municipal
Fixer un taux de réduction de la charge polluante de l’eau pluviale pour les lots desservis par un réseau séparatifAssurer une réduction de la pollution des espaces récepteurs (ex. cours d’eau)
Exiger un pourcentage minimal de surface perméable sur le terrain. Le pourcentage peut être évolutif selon le contexteAssurer une réduction des rejets à l’égout et de a surcharge du réseau municipal
Permettre les ouvertures dans les bordures en béton des espaces asphaltés devant être délimitésAssurer un accès aux surfaces perméables pour l’eau de ruissellement des espaces minéralisés
Exiger que l’eau pluviale des surfaces imperméables au sol soient dirigées vers des surfaces perméablesAssurer une réduction des rejets à l’égout et de a surcharge du réseau municipal
Pour les lots non assujettis à une réglementation sur la rétention, exiger que les eaux pluviales provenant des toits en pente soient dirigées vers une surface perméableAssurer une réduction des rejets à l’égout et de a surcharge du réseau municipal

MISE EN OEUVRE

  • Intégrer les exigences dans les règlements de gestion des eaux et de zonage
  • Les nouvelles normes peuvent complexifier la rénovation de bâtiments existants (ex. manque d’espace sur le terrain, modification de la toiture et des drains à l’intérieur de l’édifice, etc.), pouvant augmenter les coûts et les délais. Il est possible pour la municipalité de proposer une certaine flexibilité dans ce genre de projet en permettant un plan de réfection par étapes et sur plusieurs années
  • Ce type d’infrastructure demande de nouvelles expertises pour les ingénieurs et les architectes paysagistes interne à la municipalité afin d’être en mesure d’analyser et approuver les projets
  • Dans la construction du stationnement, il faut souligner l’importance de la qualité du terrassement et de la pose du revêtement pour s’assurer de l’efficacité des pentes permettant de diriger l’eau de pluie vers les espaces de biorétention
  • Il est important de sélectionner les bons végétaux dans les aires de rétention. Une surmortalité, due par exemple aux sels de déglaçage, peut avoir un effet direct sur les coûts d’entretien du projet. Une période d’environ 2 an est nécessaire pour ajuster les végétaux
  • Une plantation de végétaux dense et bien sélectionnée limite grandement l’apparition de mauvaises herbes, et donc réduit le besoin d’entretien

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